Mes premiers souvenirs de Pépé et Mémé sont bien sûr à Laval, une maison que j'aimais beaucoup ; le jardin avec des odeurs très particulières, des promenades avec pépé dans les bois pour trouver des champignons et en particulier des morilles , champignons rares et très goûteux;
Maman m'a dit un jour que j'avais bien de la chance d'avoir partagé ça avec pépé, il y avait de l'envie dans sa remarque, il me semble(?)
Des sorties en ville avec Mémé où quelquefois on croisait Pépé assis sur un banc, je ne crois pas qu'on allait lui parler, bizarrerie en y repensant maintenant.
La radio était souvent allumée très fort puisque Pépé était sourd, depuis quand ? et maman l'a-t-elle toujours connu sourd ?
Mes ?? aimeraient bien avoir des réponses, ce roman familial peut en être l'occasion.
Donc des ballades en ville dans les magasins où Mémé m'a un jour acheté une jupe qui me paraissait très chère, j'étais ravie.
Un autre souvenir d'odeurs: la chambre ,le parquet ciré où on dormait à l'étage avec le soleil qui nous réveillait le matin à travers les volets. J'ai souvent eu envie d'une maison où j'aurais une chambre comme ça sans jamais le retrouver.
Une autre odeur celle du buffet de la salle à manger quand on ouvrait ses portes.
Cette maison était sans confort, le seau la nuit, la cabinet au bout du jardin, un lave main comme celui que les parents m'ont ramené de leur dernier voyage, mais très chaleureuse surtout grâce à la présence affectueuse de mémé.
Pépé était un peu bourru mais je l'aimais aussi beaucoup.
C'est en souvenir de mémé que j'ai eu envie que mes petits enfants m'appelle mémé.
Il y avait les voisines [je ne sais plus leur nom, je fais de la résistance sur les noms et les dates, (à la manière de Papa ?) sans doute à cause de l'importance, pour moi exagérée que ces « détails », là c'est moi qui exagère, prennent pour maman] une mère et sa fille leur mode de vie me paraissait tout à fait bizarre, je ne sais pas très bien en quoi.
On allait voir tante Germaine et cousine Hélène, quel était leur lien? j'aimais monter l'escalier jusque chez elle; je pense que tante Germaine était une femme tout à fait intéressante, mais comme à d'autres moments et avec d'autres personnes je n'ai pas su en profiter.
-Tonton Oscar et tante Berthe où quelquefois il y avait Dominique et Annelise, les coloriages de tonton Oscar me paraissait assez ridicules. Tante Berthe est pour moi le prototype de la « femme douce »
-Tante Marthe et tonton Alexandre, encore des souvenirs d'odeurs le cuir des chaussures qu'il fabriquait, souvenir de luxe aussi.
-Françoise avec qui plus tard j'allais à la piscine où elle retrouvait des amoureux, un certain Jacques en écrivant ça je vient de réaliser que si je suis « tombée » amoureuse , c'est bien le terme adéquat de Jacques celui de Françoise y est peut-être pour quelque chose. A propos de Françoise il y a eu l'épisode de son mariage éclair et de la découverte avec mémé (dans quelles circonstances??) d'une armoire pleine de sous vêtements assez chics.
C'était une famille dont je me sentais faire partie. J'ai souvent pensé à mémé quand j'ai été enceinte de Virginie et je regrettais de ne pas pouvoir être avec elle dans cette période difficile; sans savoir à ce moment là que sa 1° grossesse avait eu lieu en dehors d'un mariage, je pressentais que j'aurais trouvé un refuge auprès d'elle.
Dans la famille de maman il y avait aussi tante Andrée chez qui j'ai passée des vacances avec Flo ou Irène où j'ai très peu parlé, Etienne provoquait beaucoup et tenait des propos (racistes il me semble) qui m'horrifiaient tout en étant incapable de lui répondre, c'est à elle que je pensais dont je n'ai pas su profiter, trop repliée sur moi!!
Que de femmes!! Et pourtant il y avait bien un frère mais très absent même dans les conversations
Contrairement à Claire et Odile je n'étais pas du tout à l'aise avec tonton Jean, le Zouave et je détestais le rencontrer dans la rue, trop d'esbrouffe, je n'avais pas envie de me faire remarquer, moi!
Un autre souvenir, de luxe aussi, petit mais quand même : mémé nous donnait toujours un peu plus d'argent pour acheter des bonbons avec le pain, j'avais acheté un œuf en sucre qui me paraissait trop cher, et je voulait le finir avant d'arriver à la maison, j'ai été obligée de cracher le reste dans le caniveau, alors que je suis sûre qu'elle ne m'aurais rien dit, que faut-il en conclure ? Surtout que j'avais une vive notion des choses chères ou pas?
Ce qui me surprend en écrivant ces souvenirs c'est l'importance des odeurs et des sensations , c'était un monde pour moi avant tout sensuel et affectif.
Evelyne